La coupe courte fascine et effraie énormément, d’autant plus chez la femme. A tel point qu’on emploi volontiers le terme de “coupe à la garçonne” comme si le geste était une atteinte à la féminité ou exclusivement réservé à l’homme. Pour moi, ce n’est pas le cas, je me permets de témoigner car j’en ai déjà fait l’expérience.
La brève histoire du cheveux
Depuis la nuit des temps, l’Homme a le souci de sa coiffure et son apparence. Dans presque toutes les civilisations les cheveux ont une importance particulière. Il aime manipuler sa crinière d’autant plus que c’est la seule partie de son corps à la fois très facilement modifiable et visible. Encore aujourd’hui, le cheveu permet de marquer un mouvement sociale ou une appartenance ethnique notamment par le biais de l’art de la coiffure propre à telle ou telle culture.
A travers les âges et les cultures, la coupe voire le rasage intégral du cheveux a pu avoir de nombreuses significations. Ex: passage à une autre étape de la vie, deuil, spiritualité, châtiment, entre autres. Faisant parfois l’objet de tous les fantasmes, on a souvent rapproché la longueur des cheveux à la séduction. Et par moment, plus ils sont longs et plus ils attirent et fascinent. Notamment quand il est question de la femme. Il y a un podcast très intéressant à ce sujet: ici.
Mon rapport personnel aux cheveux jusqu’à maintenant
Me concernant, je dirai que mon rapport à mes cheveux de l’enfance jusqu’à aujourd’hui est globalement lunatique et assez original.
Enfance et adolescence
6-7 ans: Ma mère à commencé à me défriser les cheveux chimiquement à raison d’1 à 2 fois par an grand max. Parallèlement j’ai eu droit à de nouvelles coiffures plus ou moins élaborées très régulièrement et ce jusqu’à mes 15 ans. Styles capillaires souvent à base de “mèches” (ou rajouts) réalisés par ma mère ou amies proches de la famille.
15 ans: Une amie créative et douée qui fréquentait le même lycée que moi est devenue ma coiffeuse attitrée. J’ai parfois eu à pousser la porte des salons de coiffures professionnels afros pour avoir des tissages (ou extensions). J’ai donc enchaîné les coiffures originales jusqu’au début de ma vie d’adulte.
Adulte
2014: J’ai eu un déclic suite à deux amies qui étaient retournées au naturel (a.k.a “Nappy”*) = mettre fin au diktat du cheveux lisse et/ou défrisé en étant une personnes aux cheveux allant de bouclés à crépus, notamment. Je me suis donc renseignée sur les méfaits du défrisage et l’intérêt capital de l’acceptation de soi. Puis j’ai procédé à mon premier “Big Chop” réalisé par une connaissance. C’est l’action de couper les longueurs abîmées et dénaturées pour diverses raisons (fer à lisser, défrisage, assouplissant, décoloration, etc). Tel qu’on le ferait pour se débarrasser de la mauvaise herbe dans un jardin.
En coupant les longueurs endommagées je me suis sentie “libéréé, délivréé !” bien qu’il ne me restait probablement que 5-7cm de cheveux environ. Devant mon miroir c’était cool mais le lendemain matin avant d’aller à la fac j’ai quand même eu une petite boule au ventre. Surtout en pensant à la réaction des mes camarades qui m’avaient vue avec des extensions ondulées mi-longues le vendredi et le lundi suivant avec 5 cm de cheveux crépus-frisés. Bref..
2014-2019: 5 ans d’alternance entre cheveux lâchés + Coiffure protectrices + lissages (2 au total: un en salon et l’autre D.I.Y qui m’a été fatal et qui m’a valu un second Big Chop en 2019 réalisé à la tondeuse par un coiffeur). Heureusement pour moi et avant cet écart, j’étais dans une phase bipolaire capillaire qui me donnait envie de couper court ou de laisser pousser au maximum. Bon, la décision a été prise pour moi et par mon erreur. J’étais très énervée compte tenue des dégâts irréversibles. Mais comme j’avais déjà eu les cheveux très courts auparavant j’ai vite relativisé et ça m’est vite passé.
Une nouvelle LIBÉRATION surtout que ça fait faire de sacrées économies, ce n’est pas négligeable. 5 cm sur le caillou, ce n’est pas très pesant ni chronophage au niveau de l’entretien. Petite folie en prime vu qu’on a plus grand chose à perdre: Une décoloration marron sur quelques pointes.
Le regard de la société
Le jour où vous arrivez au boulot, à la fac ou à un repas de famille avec une coiffure de presque 60 cm de différence, vous avez droit à tous types de réactions sans avoir même sollicité les avis:
“[…]”
“ohlalalalala J’A.D.O.R.E !”
“Moi, perso je te préférais avant…”
“Mais pourquoi t’as coupé? Une rupture je parie! On dit toujours que “lorsqu’une femme blablabla””
”Woauw, quel cran! Moi je me suis toujours dit que je le ferai quand je serais plus vieille, à mes 50 ans par exemple, quand je n’aurai plus rien à perdre”.
Ce type de commentaires est aussi valable pour d’autres changements radicaux en rapport avec le cheveux ou l’apparence générale. J’en ai même entendu sur la supposée sexualité de celle qui oserait arborer une telle coiffure. Au passage:
Vous n’êtes absolument pas obligée de vous justifier !
Bon, c’est sur, la première réaction de notre entourage nous marque et nous touche forcément puisque l’être humain est un être social. Des fois s’en est malheureusement presque décisif car on a l’impression que selon les réactions ce sera signe d’acceptation ou de rejet. Comme si c’est cette coiffure qui détermine qui on est réellement. En fait, il faut savoir pourquoi on souhaite couper et je trouve primordiale que la réponse soit “Pour moi-même” et pas uniquement pour la mode, pour son/sa partenaire, par rapport à ce que l’âge “veut” comme acceptable, etc. Ce, afin de ne pas laisser place aux regrets qui peuvent être durs à gérer au quotidien.
Parfois, la coupe soudaine, notamment chez la femme passant du long au court peut suggérer une volonté de s’affirmer davantage, pour se donner un genre ou une certaine « crédibilité ». C’est parfois le cas en politique. Ca peut aussi être pour rétablir l’estime de soi, faire une mise au point avec soi-même: l’important, à mon sens, c’est que la décision soit égocentrée et en accord avec nos envies.
On s’en fout ! Non?
Pour moi, l’apparence générale peut être un élément permettant d’entretenir notre conformisme vis-à-vis de la société ou au contraire marquer notre singularité. Le cheveux en est un moyen au même titre que le vêtement.
C’est toujours plus facile de s’en foutre quand on assouvit une envie personnelle. Certaines se voient dans l’obligation de couper ou raser pour des raisons de santé (cancer, alopécie, etc) et j’imagine que le geste n’a pas du tout la même symbolique… Toutefois, soyez conscientes que dans les deux cas ça n’efface pas la féminité. Il ne faut pas en avoir honte.
Pour moi, la féminité passent par bien d’autres choses. Il est possible de l’être avec même 0-1mm de cheveux grâce aux accessoires en tout genre, à la tenue générale (de corps ou vestimentaire), à l’attitude, entre autres. Certaines préféreront entretenir un look dit “à la garçonne” (que j’aime beaucoup d’ailleurs). D’autres choisiront de ne pas rentrer dans le jeux des étiquettes et faire ce que bon leur semble en fonction de leur humeur du jour et c’est parfait !
Pas mal de filles aimeraient tenter le très court mais n’oseraient jamais par peur du regard d’autrui et de la société. Pourquoi toujours se brider? On a qu’une vie ! Et si vous vous rendez compte que c’est une erreur, il existe des perruques. A chaque problème sa solution ! Bon, c’est vrai que certaines coupes courtes vont mieux avec certains types de visage. Mais ce n’est pas une fatalité non plus, ca reste quand même à titre indicatif. Plus sérieusement, une nouvelle coiffure ne change pas la personne que vous êtes au fond. Ca change juste une partie de votre apparence à laquelle vous vous étiez habituée et à laquelle vous aviez également habitué votre entourage. Pour ce qui est de l’entourage, il finira par s’en remettre!
A peine 1 an après mon second Big Chop forcé j’en suis déjà venue à me demander si dans le futur je ne devrais pas soit:
- laisser pousser la tignasse quelques années pour finalement me faire de dreadlocks joliment ondulées avec dégradé décoloré marron-miel aux pointes (rien que ça).
- OU raser le tout et décolorer ce qui reste sur le caillou en blond platine ou rose bonbon (non, vous ne rêvez pas! on est clairement aux antipodes).
Le mot de la fin
Les deux fois où j’ai dû couper très court, je me suis sentie légère. J’ai trouvé que ça me donnait plus de piquant. Souvent, lorsque je vois des filles dans la rues avec des coupes courtes ou rasées, je les trouve très belles. Je dirais même sexy, affirmées, courageuses, piquantes et culottées. Les gens donneront toujours leur avis sans qu’on leur demande. De toute façon on ne peut pas plaire à tout le monde. Faites donc ce qui vous plait à vous-même. Quitte à couper très court, arborer un bel afro, teindre en roux pour une fois. Peu importe, l’important c’est d’être bien dans ses baskets!
Avez-vous déjà coupé très court? Quelle est la coiffure la plus osée que vous ayez décidé d’assumer?
Merci de rappeler dans cet article que la féminité n’a pas qu’une seule facette !
Bonjour Mathilde! Je suis ravie que cet article t’ait plu. N’hésite pas à revenir sur le blog à l’occasion 🙂
Bonne journée !